Par :
Laura ESTEVE
Cofondatrice de NeuroLogic
Brendan PARSONS
Cofondateur de NeuroLogic
Le risque lorsqu’on tape “neurofeedback” dans sa barre de recherche internet, c’est de se perdre dans l’immensité de l’information, plus ou moins sérieuse en lien avec le domaine.
Les neurosciences connaissent un essor phénoménal depuis quelques années, ce qui est merveilleux puisque de cette science, alliée à la technologie, est né le neurofeedback.
Malheureusement, il existe également de nombreuses dérives dont les fameux “neuromythes” font partis. Pour prendre un exemple, il est couramment admis que nous utilisons que 10% de notre capacité cérébrale ou encore qu’on pourrait catégoriser les individus en “cerveau droit”, dit créatifs et émotionnels et “cerveau gauche” dit analytiques et logiques. Ces mythes sont aussi séduisants qu’ils sont faux et ils sont des pièges à éviter !
Ces mythes sont aussi séduisants qu’ils sont faux !
Nous consacrerons bientôt un article à ce sujet.
Dans le domaine des neurosciences et du neurofeedback, la rigueur et la littérature scientifique sont vos meilleurs amis.
Nous avons consacré un article pour définir la technique mais il existe différents types de neurofeedback, alors comment s’y retrouver ?
Quels sont les neurofeedback reconnus par la science? Comment fonctionnent-ils? Quels sont leurs avantages et leurs inconvénients ?
Dans ce POST, je vous propose de décrypter simplement les différents types de neurofeedback et les différentes technologies utilisées.
Le NeurOptimal ou Neurofeedback dynamique
C’est probablement le système de neurofeedback qui occupe le plus d’espace, c’est donc celui sur lequel vous avez le plus de chance de tomber lors de vos recherches. C’est aussi celui qui offre le plus de promesses, mais qu’en est-il réellement sur le plan scientifique?
Le NeurOptimal, aussi appelé neurofeedback dynamique, est une méthode dite “automatisée”. Elle repose sur des algorithmes tenus secrets et la région du cerveau « entraînée » est toujours la même. Aucune évaluation n’est réalisée avant ou au cours de l’entraînement. Les électrodes sont toujours posées aux mêmes endroits. Elle ne prend pas en compte l’individualité et se pratique de manière totalement passive pour le patient. En effet, ce dernier reste devant un ordinateur et peut même dormir ou faire une autre activité s’il le souhaite. L’entraîneur n’intervient pas.
Cette technique ne peut malheureusement pas faire l’objet d’études scientifiques car elle n’a aucune méthodologie transparente et vérifiable. Ces techniques automatisées (il en existe d’autres) n’ont pas démontré d’efficacité et ne sont pas reconnues comme étant des outils d’interventions thérapeutiques selon les neurosciences. On peut donc parler d’effet placébo.
Le neurofeedback par ÉEGq traditionnel
Historiquement, c’est le premier type de neurofeedback découvert et pratiqué. Dans leurs premières expériences, M Barry Sterman et Joe Kamiya utilisent le neurofeedback par électroencéphalographie quantitative (ÉEGq), c’est à dire qu’ils quantifient les ondes cérébrales ; l’électricité produite par le cerveau.
Cette application du neurofeedback démontre l’efficacité de la technique dans l’épilepsie grâce à l’utilisation de la plasticité cérébrale c’est-à-dire la capacité du cerveau à s’adapter.
Ils prouvent ainsi la possibilité d’apprendre à réguler ses propres ondes cérébrales par un conditionnement opérant, par l’autorégulation et par la volonté consciente du sujet entraîné.
Le neurofeedback par ÉEGq repose sur une évaluation initiale qui permet de faire le constat du fonctionnement cérébral global et de cibler des ondes cérébrales à entraîner en fonction des objectifs visés. Une fois le ou les protocoles personnalisés établis, l’entraînement se déroule à raison de 2 séances par semaine pour un total de séances comprises entre 25 et 40. Chaque protocole à ses propres objectifs et stratégies d’entraînement. Il comporte entre 10 et 15 séances et à la fin de chaque session une nouvelle évaluation est réalisée.
A chaque séance, une ou deux électrodes sont posées sur la zone à entraîner. C’est un processus non invasif, les électrodes permettent de lire l’activité en temps réel. C’est le “feedback” qui permet à la personne de mieux appréhender son fonctionnement, notamment grâce au travail réalisé avec l’entraîneur, qui accompagne, aide à trouver des stratégies efficaces et adaptées à chaque personne. Pour en connaitre davantage sur l’entraînement en neurofeedback par EEGq, vous pouvez lire l’article qui y est consacré.
Ce type de neurofeedback à démontré scientifiquement son efficacité dans de nombreux domaines :
- les troubles du déficit de l’attention avec/sans hyperactivité (TDAH/TDA)
- les troubles anxieux
- les troubles dépressifs
- l’épilepsie
Et un potentiel d’efficacité dans les applications suivantes :
- les troubles du spectre de l’autisme (TSA)
- les troubles neurodéveloppementaux (trouble des apprentissages, spectre « dys »)
- la schizophrénie, le trouble bipolaire, et les psychoses
- les maladies neurodégénératives (Alzheimer’s, Parkinson’s, trouble cognitif léger, etc.)
- les traumatismes craniocérébraux (TCC)
- les troubles du sommeil
- les douleurs chroniques
- les acouphènes
- l’optimisation de la performance (dans les domaine sportifs, créatifs, artistiques, et cognitifs)
Il existe également de très nombreux domaines expérimentaux.
Pour connaître l’application du neurofeedback par ÉEGq dans chacun de ces domaines spécifiques, vous pouvez lire nos prochains articles. Pour en apprendre plus, vous pouvez aussi suivre nos webiBRAINs et le neuroTALK show, ou encore prendre contact avec nous pour découvrir nos formations.
Le neurofeedback par EEGq via le système LORETA
La technologie a permis des avancées extraordinaires ces dernières années et le domaine du neurofeedback en a largement bénéficié.
Le LORETA ou Low Resolution Electromagnetic Tomography est un système issu des toutes dernières technologies et qui repose sur la technique de l’electro-encephalogramme quantitatif (EEGq) et sur des calculs complexes de probabilité visant les régions sous-corticales. Sa manière d’être appliqué est quasi similaire à celle du neurofeedback traditionnel, tel qu’expliqué plus haut (évaluation, définition de protocoles, entraînement).
Cependant, il existe quelques différences.
D’abord au niveau de l’évaluation, le LORETA est un outil ultra performant qui permet une très grande précision lors de l’évaluation.
Ensuite, au niveau de l’entraînement. Les protocoles du LORETA sont très complexes et l’entraînement se fait avec le casque à 19 électrodes (versus 1 ou 2 pour le neurofeedback par ÉEGq traditionnel). L’entraînement se base principalement sur le conditionnement opérant, ce qui signifie que le processus pour le sujet entraîné est passif. À la différence du neurofeedback traditionnel, le LORETA ne permet pas le développement de l’autorégulation consciente et volontaire.
La science valide cette technique au même titre que le neurofeedback par EEGq traditionnel, cependant le LORETA pourrait potentiellement être plus efficace dans certains domaines d’applications comme :
Beaucoup moins de littérature scientifique existe concernant le neurofeedback LORETA que le neurofeedback par ÉEGq. Quelques inconvénients de l’entraînement LORETA existent, et en raison de ces faits, le neurofeedback par ÉEGq “traditionnel” demeure l’outil le plus souvent utilisé et soutenu par la science.
Les systèmes d’entraînement maison
Enfin, parlons de l’entraînement “maison”!
Aujourd’hui, sur Amazon, tout le monde peut se procurer un système de « neurofeedback » pour 300€/400$ ou moins. Ce sont souvent des bandeaux à poser sur le front et qui proposent d’améliorer la qualité du sommeil ou encore la concentration. Ces systèmes sont très prometteurs et très séduisants. Quant est-il de leur réelle efficacité?
Comme le neurofeedback dynamique, il s’agit de protocoles standards qui sont appliqués, sans évaluation au préalable et qui donc ne prennent pas en compte la spécificité de chaque personne. De même, l’entraînement est passif et la personne entraînée doit développer ses propres stratégies pour modifier son activité cérébrale quand la présence d’un professionnel qualifié est primordial.
Enfin, le signal de l’activité cérébrale enregistrée est souvent mauvais car le matériel utilisé fournit une lecture de l’activité cérébrale médiocre, d’où leur coût peu élevé.
Avec l’amélioration des technologies et un accompagnement minimal de la personne entraînée, ce type de neurofeedback pourrait, à l’avenir, devenir un bon complément du neurofeedback traditionnel.
Pour le moment, ces techniques sont majoritairement automatisées (il en existe d’autres) et n’ont pas démontré d’efficacité et ne sont pas reconnues comme étant des outils d’interventions thérapeutiques selon les neurosciences.
Le neurofeedback est un domaine qui ne cesse d’évoluer, tant sur le plan technologique que scientifique. Nous avons survolé les différentes façons de le pratiquer afin de vous permettre d’y voir un peu plus clair. Alors, quel neurofeedback choisir?
Les nombreuses recherches et une solide expérience des cliniciens ont permis de démontrer que la technique la plus efficace est le neurofeedback par EEGq.
En plus de mettre au cœur du processus la personne entraînée, le neurofeedback par ÉEGq allie la puissance de la relation thérapeutique avec la précision d’un outil de neuroimagerie fonctionnelle.
Appliquée de manière rigoureuse et sérieuse, cette méthode peut réellement changer la donne. Mais alors, concrètement, comment se passe un entraînement? Et bien, tout commence par une mesure objective nommée évaluation initiale par électroencéphalogramme quantitatif, qui est l’objet de notre prochain article.
Si le neurofeedback vous intéresse, vous pouvez découvrir toutes les nuances de cette technique de neuroscience appliquée sur notre site.
Vous pouvez également nous écrire à contact@neurologic.fr, nous serons toujours ravis de vous lire et d’échanger avec vous.
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Sources :
- Hammond, D. C. (2011). What is neurofeedback: An update. Journal of Neurotherapy, 15(4), 305-336.
- Marzbani, H., Marateb, H. R., & Mansourian, M. (2016). Neurofeedback: a comprehensive review on system design, methodology and clinical applications. Basic and clinical neuroscience, 7(2), 143.